Il fallait s'attendre à ce que les effets du virus corona sur la qualité de l'air en Chine ne soient pas moindres. Le 'lockdown' de plusieurs villes de la province chinoise du Hubei, qui a commencé le 23 janvier 2020, a stoppé toute une communauté. L'impact sur la qualité de l'air, du fait de la forte réduction de la combustion de combustibles fossiles, est clairement perceptible depuis l'espace avec l'instrument TROPOMI. Le Nouvel An chinois et la période des vacances qui suit causent chaque année une baisse à court terme des émissions de NO2, mais la baisse a commencé plus tôt cette année, s'est beaucoup accélérée et dure plus longtemps. Les niveaux de pollution atmosphérique au NO2 au-dessus des grandes villes de Chine ont diminué de 30 à 50% par rapport à une période comparable l'an dernier.
Wuhan lockdown
Wuhan est la capitale de la province du Hubei, le cœur industriel de la Chine. Le 23 janvier 2020, 2 jours avant la célébration du Nouvel An chinois, le gouvernement chinois a imposé un 'lockdown' à Wuhan et dans d'autres villes de la province du Hubei, afin de mettre en quarantaine l'épicentre d'une épidémie de la maladie à virus corona 2019 (COVID-19). Une grande ville de pas moins de 11 millions d'habitants était paralysée.
La célébration du Nouvel An chinois provoque une baisse notable à court terme des émissions de NO2 chaque année. La Chine est en vacances pendant une semaine, l'industrie est à un rythme très lent, le trafic est réduit. Le site web sur le climat CarbonBrief montre que la production d'électricité à partir du charbon chute généralement de 50% en moyenne dans les 10 jours suivant la veille du nouvel an chinois. Mais contrairement aux autres années, lorsque la production de charbon est généralement revenue à son niveau normal après 20 jours, la tendance se poursuit un mois plus tard cette année en raison du lockdown.
Conséquences pour la qualité de l'air
Le NO2 est un gaz qui s'introduit dans l'atmosphère lors de toutes sortes de processus de combustion, comme dans le moteur d'une voiture, dans les chaudières de chauffage, dans l'industrie ou dans les centrales électriques. Le NO2 troposphérique est donc un indicateur important de la pollution atmosphérique.
Le capteur TROPOMI à bord de la plateforme Sentinel-5 Precursor mesure quotidiennement et à l’échelle mondiale la composition de l'atmosphère à une résolution spatiale sans précédent. Cela nous fournit également des informations cruciales sur la qualité de l'air au-dessus de la Chine, et en particulier au-dessus des villes telles que Wuhan ou Nanjing, l'une des villes de la chaîne de pollution autour de Shanghai.
Les observations de NO2 par l'instrument TROPOMI confirment la tendance à la baisse de l'utilisation des énergies fossiles. La série chronologique des concentrations troposphériques de NO2 au-dessus de Wuhan et de Nanjing montre que les concentrations jusqu'à la fin de 2019 (lorsque les premiers cas de virus corona ont été signalés) étaient toujours comparables à celles de 2018. Mais alors que la concentration de NO2 au-dessus de Wuhan, le épicentre du virus corona, qui n'a commencé à décoller autour du Nouvel An chinois que le 5 février 2019 l'an dernier, il dégringole déjà à partir de fin décembre 2019 cette année, à un pas très rapide. Les minima finalement atteints sont inférieurs d'environ 50% à ceux de l'an dernier. Alors que les activités normales reprennent généralement après 1 à 2 semaines après le Nouvel An chinois et que les concentrations remontent lentement à leurs niveaux normaux, les concentrations restent constamment faibles cette année, jusqu'à maintenant déjà au moins un mois après le Nouvel An chinois, en raison du lockdown et d'autres mesures prises pour réduire la propagation du virus corona.
L'impact du virus corona sur les émissions troposphériques de NO2 n'est bien sûr pas limité à ces grandes villes, mais il est visible dans toute la Chine. Dans la semaine suivant les vacances du Nouvel An chinois 2020, les niveaux moyens étaient inférieurs de plus de 30% à ceux de la Chine au cours de la même période en 2019.
Le satellite Sentinel 5P fait partie de la composante spatiale du programme Copernicus coordonné par la Commission européenne. L'instrument TROPOMI à bord de ce satellite nous fournit des informations sur la qualité de l'air, l'ozone stratosphérique, le changement climatique et les risques naturels tels que les incendies de forêt et les éruptions volcaniques. Ces données sont utilisées pour fournir des informations qualitatives aux gouvernements et aux décideurs. BIRA-IASB joue un rôle clé dans le développement des algorithmes utilisés pour la production opérationnelle des produits SO2, HCHO et ozone. Il contribue également à la validation et l'exploitation des données Sentinel-5p.
Contact
Dr. Maite Bauwens, Scientifique dans le groupe de recherche "Tropospheric Chemistry Modelling", +32-(0)2 37 30 363
Dr. Karolien Lefever, Chef de service Communication, Karolien.Lefever_AT_aeronomie.be