Nouveau style de travail
Nous avons heureusement pu sortir sereinement de la crise sanitaire au cours de l’année 2022, mais celle-ci a laissé des traces, notamment avec l’accélération digitale. Le retour sur le lieu de travail s’est accompagné d’un développement du télétravail, et les nombreux déplacements pour participer aux réunions et aux colloques scientifiques ont été remplacés par une alternance de réunions en présentiel, en ligne ou hybrides.
L’IASB s’est adapté en douceur à ce nouveau style de travail. Il est clair que le retour (partiel) au travail était indispensable pour certains, soit pour leur santé mentale et leur engagement social, soit pour ne pas perdre leur motivation au travail, soit pour ces deux raisons.
Effets de la guerre sur nos activités scientifiques
La guerre qui a éclaté en Ukraine en février 2022 a également affecté l’IASB en tant qu’établissement, pour certains membres du personnel dans leurs collaborations avec des collègues russes et/ou ukrainiens, pour d’autres dans leur vie privée. Pour l’IASB, les effets les plus importants sont:
- les retards des missions spatiales prévues à cause de la suspension de la coopération avec la Russie pour les lancements de satellites
- les retards et les augmentations des coûts pour la fourniture d’équipements (instruments ou leurs composants, équipement informatique, etc.)
- l’augmentation des prix de l’énergie et les effets de l’inflation sur les salaires du personnel.
Malgré des subventions bienvenues du gouvernement fédéral pour absorber partiellement ces coûts accrus, nous sommes confrontés à une réduction significative des ressources disponibles. Si cette réduction se poursuit, le niveau actuel des activités scientifiques se verra forcément diminué à court et à moyen terme.
Met en avant d’excellents résultats scientifiques
Malgré tous ces aléas, l’IASB peut présenter d’excellents résultats scientifiques en 2021-2022, comme le montre clairement ce rapport qui ne met en lumière que les réalisations les plus importantes. En particulier, nous sommes fiers que deux nouvelles expériences avec des contributions significatives de l’IASB à bord de futures missions de l’ESA aient été sélectionnées pour un développement ultérieur, à savoir:
- l’instrument Venspec-H à bord d’EnVision
- les sondes Sweeping-Langmuir proposées par l’IASB pour la mission Comet Interceptor.
Les contributions de l’IASB au développement, à la validation et à l’exploitation de la mission Sentinel-5P fournissent un ensemble de résultats importants et internationalement reconnus concernant la qualité de l’air, l’ozone et le climat, et rendent l’IASB encore plus fort pour sa participation aux futures missions atmosphériques Sentinel-4 et -5. Entretemps, l’IASB s’est également profilé dans la première mission géostationnaire coréenne dédiée à la recherche sur la qualité de l’air et dans la future mission CO2M dirigée par EUMETSAT, la première mission européenne entièrement axée sur la détection et la quantification des émissions de dioxyde de carbone et de méthane, dont le lancement est prévu pour 2026.
L’IASB joue également un rôle important dans le programme ESA Climate Change Initiative, le Copernicus Atmosphere Monitoring Service (CAMS) et le Climate Change Service (C3S) ; l’intégration du modèle de l’IASB pour la chimie stratosphérique dans les modèles CAMS conduira à une amélioration significative des produits CAMS.
L’IASB continue bien sûr à jouer son rôle de leader dans les réseaux internationaux de surveillance de la composition de l’atmosphère, partiellement intégrés dans les infrastructures de recherche européennes ICOS (Integrated Carbon Observation System) et ACTRIS (Aerosol, Clouds and Trace gases Research InfraStructure). Dans le domaine de la météorologie spatiale, l’IASB a pris en charge la coordination du réseau européen de météorologie spatiale (SWESNET).
Les décideurs politiques, les citoyens et les étudiants n'ont pas été oubliés : non seulement nous leur offrons des informations et des formations, mais nous les impliquons aussi directement dans un certain nombre de projets de recherche.
Une étape importante à partir de 2022 est l’ancrage du Belgian User Support and Operations Centre (B.USOC) – précédemment géré par Belspo – au sein de l’IASB, assurant ainsi l’avenir du B.USOC après la fin de ses missions de support aux expériences à bord de la Station spatiale internationale. Une deuxième initiative importante est la création du Centre de Climat fédéral en novembre 2022: l’IASB a fourni un effort important dans les groupes de travail et les comités qui ont développé la vision, la mission et la structure de gestion de ce Centre. Troisièmement, nous avons mis le Laboratoire belge de caractérisation radiométrique (B.RCLab) sur la carte en Belgique.
C’est donc avec une certaine fierté que j’ose affirmer que nous avons, en tant qu’Institut, miraculeusement survécu aux deux récentes crises majeures, même si cela a été une période difficile pour de nombreux membres du personnel.
Craintes concernant un changement de priorités et de ressources allouées
Malgré ces excellents résultats scientifiques, même en temps de crise, et malgré le fait que l’IASB soit fort d’un groupe soudé de collaborateurs dynamiques et motivés, j’envisage l’avenir avec une certaine méfiance, voire une certaine crainte.
En 2021, il y avait l’espoir d’une relance de la politique scientifique fédérale et d’une plus grande efficacité et autonomie dans la gestion des Établissements Scientifiques Fédéraux. Fin 2022 - début 2023, je dois malheureusement constater le contraire. La bureaucratisation ne cesse d’augmenter, tout comme l’alourdissement des procédures et la multiplication des contrôles. Il n'y a guère de signes de simplification administrative ; ce n'est pas parce que certains processus sont numérisés qu'ils sont plus simples et/ou plus efficaces !
Notre autonomie est de plus en plus réduite. Le fonctionnement de la Politique scientifique fédérale ne s'est pas encore sensiblement amélioré. Même la rénovation urgente de nos bâtiments est toujours retardée.
Il semble que les activités scientifiques doivent être sacrifiées au profit d’une charge administrative et procédurale accrue. À mon avis, et conformément à notre mission, la première priorité de l’IASB devrait être le progrès du travail scientifique, et c’est également l’ambition du personnel que nous recrutons à cette fin. Une bonne gestion de l’Établissement est importante, mais elle doit avant tout viser à soutenir efficacement ce travail scientifique. Si la gestion passe en premier et que le travail scientifique doit être relégué au second plan, nous faisons fausse route.
J’espère que mes craintes concernant un changement de priorités et de ressources qui leur sont allouées ne sont pas fondées et que, dans deux ans, nous pourrons présenter des résultats scientifiques tout aussi beaux et nombreux, grâce à une équipe motivée et dynamique, et pas à nos dépens !
Enfin, je tiens à remercier et à féliciter l’ensemble du personnel de l’IASB pour les magnifiques résultats que nous sommes en mesure de présenter aujourd’hui en tant qu’établissement, et que nous souhaitons partager avec vous, chères lectrices, chers lecteurs, dans ce rapport.
Martine De Mazière
Director Général a.i.