Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique est très profond cette année, en raison des températures exceptionnellement froides dans la stratosphère. Alors que le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique était le plus petit jamais mesuré l'année dernière, il pourrait bien être l'un des plus grands cette année. L'évolution éventuelle du trou d'ozone vers un record sera confirmée par les observations par satellite dans les jours et les semaines à venir et dépendra principalement de la stabilité future du vortex polaire stratosphérique.
La couche d'ozone protège la vie sur Terre des rayons ultraviolets (UV) nocifs du Soleil. À la fin du 20e siècle, les émissions humaines de substances chimiques appelées halocarbures ont affaibli la quantité de molécules d'ozone dans l'atmosphère, entraînant notamment un trou d'ozone annuel dramatique en Antarctique.
Le Protocole de Montréal, entré en vigueur en 1987, a réduit la quantité d'halocarbures émise dans l'atmosphère, entraînant une lente récupération de la couche d'ozone. Le service de surveillance de l'atmosphère Copernicus (CAMS), financé par la Commission européenne pour surveiller l'état de notre atmosphère, fournit des mises à jour quotidiennes sur l'état de la couche d'ozone. L'Institut royal d'Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB) contribue au service CAMS grâce à son expertise en modélisation et en observations de la couche d'ozone.
Comme chaque année au début du mois d’octobre, le trou d'ozone atteint actuellement sa taille et sa profondeur maximales au-dessus de l'Antarctique. Il était très étendu et profond en 2018, et exceptionnellement faible l'année dernière. CAMS montre que la zone couverte par le trou d'ozone cette année est aussi grande qu'en 2018, mais la colonne d'ozone n'a pas atteint des valeurs aussi faibles au début du mois d'octobre depuis 2003.
L'Institut royal d’Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB) contribue au service CAMS et fait ses propres prévisions du trou d'ozone. Notre modèle pour la chimie stratosphérique BASCOE (pour Belgian Assimilation System for Chemical ObsErvations) prévoit que le trou d'ozone cette année se rapprochera du précédent record de 2006. Les observations par satellite confirmeront si ce record sera ou non battu dans les semaines à venir, en fonction de l'évolution du vortex polaire stratosphérique.
La question se pose maintenant: ce trou d'ozone exceptionnellement fort est-il lié au changement climatique? Les modèles chimie-climat montrent que le trou d'ozone antarctique devrait se fermer progressivement, les valeurs de l'ozone au printemps austral (en octobre dans notre hémisphère) devrait en effet revenir aux valeurs de 1980 vers 2060. Le moment de cette restauration ne dépend pas de l'augmentation des concentrations des gaz à effet de serre, c'est-à-dire qu'elle est indépendante du changement climatique provoqué par l’homme.
Par contre ce n'est pas toute l'histoire car les trous d'ozone exceptionnels sont aussi le reflet des conditions météorologiques extrêmes. C'est le cas à la fois des trous d'ozone exceptionnellement forts rencontrés cette année au-dessus de l'Arctique et de l'Antarctique et du trou d'ozone exceptionnellement faible observé l'année dernière au-dessus de l'Antarctique. Il n'est pas encore déterminé si de tels événements extrêmes pourraient se produire plus fréquemment en raison du changement climatique.
Contact
- Dr Simon Chabrillat, groupe de recherche "Chemical Weather" - Email: simon (point) chabrillat (arobase) aeronomie (point) be
Droite: Prévisions des concentrations d'ozone pour le 2 octobre 2020, du modèle BASCOE de l'IASB.